L'emploi en 2022 : l'effet horizon

Nous avons lu pour vous les 300 et quelques pages du rapport prospectif publié sur l’emploi en 2022 par l’Institut France Stratégie et la DARES.

L’effet horizon est généralement utilisé au sujet de l’emploi des seniors. Le report de l’âge de départ à la retraite conduit à l’hypothèse d’un élargissement de l’horizon pour les salariés et les employeurs, et en conséquence à un changement de comportements au regard des trajectoires professionnelles et du développement continu des compétences.

Nous avons repris cette expression dans cet article Votre emploi en 2022 : l’effet horizon !, consacré à l’offre d’emploi dans les prochaines années en souhaitant que les éléments prospectifs proposés par cette étude vous permettront en votre qualité d’actif ou d’employeur de revoir vos stratégies d’orientation et de carrière, de développement et d’adaptation aux nouveaux contextes d’emploi qui sont projetés.

Comment évolueront le marché du travail et les métiers d’ici 2022 ? Voici les éléments de l’étude qui ont particulièrement retenu notre attention.

 

L’emploi en 2022 : à qui le tour ?

Le rapport pointe que 620 000 salariés issu du baby boom (1945-1975) quitteront chaque année leur emploi entre 2012 et 2022.

On pourrait croire à l’aubaine des emplois laissés par les babyboomers, sauf que les auteurs du rapport nuancent rapidement le point de vue :

  1. La baisse du nombre d’entrée de jeunes fait baisser le chômage, alors que le départ d’un senior ne se traduit pas par l’embauche d’un chômeur ou d’un jeune actif, les emplois étant le plus souvent supprimés ou réorganisés en interne auprès des salariés présents.
  2. Les départs définitifs de l’emploi des seniors (50 ans dans l’étude…) sont aussi marqués par l’absence d’emploi dans les dernières années avant la liquidation de leur retraite. Un tiers des actifs de plus de 55 ans étant en emploi actuellement…

Le même argument a déjà été utilisé il y a 10 ans, rapidement balayé par la crise financière et économique persistante…

Si le taux d’activité des actifs dépend en partie de l’évolution de la démographie (+1,2 millions d’actifs supplémentaires d’ici 2022 dont une hausse des femmes actives), une multitude d’autres facteurs l’impacte et en premier lieu la croissance de l’économie !

 

3 modèles de croissance et une même conclusion pour votre carrière

3 scénarios de croissance et leurs impacts sur le niveau d’emploi et l’évolution des métiers ont été projetés.

Le scénario le plus pessimiste (crise) part de l’hypothèse que la crise aura détruit de manière irréversible des ressources (compétences notamment) et des activités (des entreprises, des secteurs…) maintenant le niveau du chômage à 10% de la population active en 2022. La faiblesse de l’innovation, les contraintes financières de l’état conduisent à des stratégies de développement « low cost » qui dégradent les qualifications professionnelles et les conditions de travail.

Le scénario le plus optimiste (cible) repose sur l’hypothèse d’une dynamique forte d’innovation publique et privée et un taux de chômage (légèrement) plus faible à 7%, seulement -3% pour une population active plus importante par rapport à 2012, près de 30 millions d’actifs.

Même dans ce scénario « optimal », la tendance est au déplacement des emplois plus qu’à la création massive d’emplois, en dépit de l’évolution des besoins des entreprises (externalisation) et des ménages (nouveaux modes de consommation portés par le numérique et l’écologie…), de la transition écologique envisagée (réorientation de la consommation et des équipements), des innovations technologiques projetées (des gains de productivité plus que des emplois créés…). C’est le phénomène de la destruction créatrice portée par des innovations vigoureuses qui génère globalement peu d’emplois additionnels et une polarisation des emplois : beaucoup d’emplois peu qualifiés et d’emplois très qualifiés en progression (économie de la connaissance), au détriment des qualifications intermédiaires.

La création nette d’emplois varie entre 1 millions et 2 millions sur 10 ans selon les hypothèses retenues, à mettre en perspective du nombre actuel de chercheurs d’emploi près de 6 millions au total, même si une partie partiront à la retraite…

 

Les 3 scénarios envisagés conduisent à la même conclusion pour les carrières :

l’évolution du marché du travail conduit les actifs à changer plus fréquemment de secteur d’activité et/ou de métier, à opérer des mobilités et des reconversions professionnelles plus fréquentes, à se former en continu.

Création et destructions d'emplois 2022

 

Les hypothèses travaillées dans ce rapport pourront être contredites par de nombreux évènements politiques, économiques et sociaux en France et dans le monde, ce que reconnaissent les auteurs.

Comme le note les auteurs du rapport, le nombre d’emplois à pourvoir au global, par secteur ou par métier, ne présume pas du nombre de recrutements effectifs, ni des difficultés de recrutement.

Pour les entreprises, leur attractivité, celle de leur métiers et de leur secteur seront déterminantes. Emplois non pourvus : une question d’attractivité du métier, de l’emploi ou de l’entreprise

Plus que les chiffres précis projetés sur l’emploi et les différents métiers, c’est l’effet horizon qui est intéressant à prendre en compte à titre individuel en matière de stratégie d’emploi afin de mieux se préparer :

  • La compréhension des tendances et influences macroéconomiques que nous impactons aussi en tant que consommateurs et citoyens.
  • La compréhension et l’acceptation de la nécessaire adaptation rapide et fréquente aux évolutions des secteurs, des métiers, et nouvelles conditions d’emploi. Nous devons travailler de nouvelles aptitudes et comportements en milieu professionnel, adapter nos besoins et motivations vis à vis du travail, même si les plus basiques comme gagner sa vie demeure à minima, même dans une économie du troc ou de l’uberisation.

Nous en reparlerons dans notre prochain article. En attendant, nous serions intéressés de lire vos avis et commentaires. Intégrez-vous déjà l’effet horizon dans la gestion de votre parcours professionnel ?