Le digital, les technologies « sociales » ont paradoxalement remis la relation, les interactions, de nouveaux liens sociaux, l’influence individuelle ou communautaire au coeur de la vie quotidienne de chacun.

Le digital chahute les modèles économiques, les modes de fonctionnement des entreprises.

Le digital a porté l’espoir d’une entreprise « réhumanisée » où les salariés ne seraient plus une ressource mais des talents, des acteurs, des influenceurs, des ambassadeurs, des contributeurs, etc.

Nous ne sommes pas arrivés au bout de cette révolution annoncée que le mouvement de balancier nous semble très nettement repartir dans l’autre sens, et ce pour 3 raisons :

– Les interactions humaines portées par les technologies collaboratives génèrent une masse d’informations utiles à exploiter par une économie en quête d’une nouvelle dynamique de croissance, d’une nouvelle compétitivité (productivité et innovation).

Les entreprises sont culturellement davantage prêtes à intégrer la structuration par les données que l’aléas humain du relationnel et du collaboratif au sein d’un espace plus large et moins maitrisé.

– Internet et les technologies 2.0 associées, comme  l’informatique 0.0 auparavant, structurent par nature les activités humaines, les tâches, les métiers, essentiellement autour d’objectifs de productivité.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les caractéristiques des nouveaux métiers du digital qui ont émergé ces dernières années, le quotidien de ces métiers ou encore le fonctionnement des entreprises pureplayers de l’Internet : les webmasters, les community managers, les gestionnaires de réputation, les data analystes et scientists, les statisticiens, les référenceurs, les marketeurs du digital…

Tous travaillent avec des processus structurés, des outils automatisés, des métriques, des objectifs chiffrés, des données à collecter, organiser, analyser pour décider, anticiper, produire une solution, un service…

La question n’est pas ici d’évaluer si c’est mieux ou moins bien, car tout est en mouvement et les cartes sont toujours susceptibles d’être rebattues.

L’environnement des métiers du digital

Notre propos vise une prise de conscience notamment des jeunes qui intègrent le marché du travail, et notamment les métiers du digital, ou encore de ceux qui opèrent une reconversion professionnelle dans ce domaine.

Le quotidien de leur job dans le digital sera conditionné par des processus de production d’un travail et d’une performance autant structurés, pour ne pas dire aussi rigides ou mécaniques que ceux des industries plus classiques.

Les indicateurs de mesure de leur performance n’ont pas disparu, ils se sont peut-être même accrus en raison de la masse de données utilisées.

Alors la révolution pour une entreprise plus humaine, pour des métiers et un travail humainement plus valorisants aura t-elle lieu ?

Les apports de la révolution 2.0 nous semble davantage relever de l’état d’esprit, d’une évolution culturelle, sociologique qui touche davantage les valeurs, les attitudes, les modes de management, les relations au travail, les modes de collaboration, les conditions de travail que le contenu même du travail qui reste sous le poids des enjeux financiers, de la création de valeur et de la productivité.

Les  métiers du digital répondent en ce sens à une des aspirations des salariés :

  • ne plus être considérés comme une ressource de production mais comme un collaborateur, un contributeur;
  • ne pas voir dans le travail seulement une source de revenu mais aussi une source d’épanouissement et de bien-être.

Si toutes les organisations développaient une culture d’entreprise orientée sur  le respect, la collaboration, l’expression, le partage, l’ouverture, le monde du travail serait déjà perçu comme plus humain, plus épanouissant, plus motivant.

Les startups du Web illustrent pour la plupart ce mixte d’un travail structuré autour de processus de production et d’une ambiance de travail généralement plus respectueuse des individualités et des équipes, car les 2 sont perçus comme créateur de valeur.

Dans les startups, la rétention repose davantage sur les modes de management, les liens créés et l’ambiance de travail que sur le contenu du travail ou la rémunération.

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Notre second propos relève justement des qualifications et des rémunérations liées à cette nouvelle industrie et économie.

La qualification professionnelle croissante des salariés de l’économie de la connaissance et du service se traduit de moins en moins dans les rémunérations. Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur sont souvent surpris par les salaires qui leur sont proposés.

Nous évoquerons 2 raisons sur lesquelles nous aimerions recueillir votre avis :

  • les nouveaux modèles économiques ne génèrent pas les ressources financières pour rémunérer, selon nos anciennes références, le nouveau niveau de compétences mobilisées, à l’exception de quelques réussites de startups devenus des multinationales 😉
  • Les profils qualifiés en nombre croissant, les travailleurs du savoir deviennent progressivement les « ouvriers qualifiés » d’hier. Une pénurie de ressources peut favoriser un temps la valorisation, le temps que le système éducatif ou la formation professionnelle les produisent et fassent baisser la pression ainsi que les rémunérations.

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Cette appréciation de la situation d’emploi (ou de travail cf. freelance) dans le digital n’est pas pessimsite. Elle est réaliste.

Le réalisme n’est pas un frein au changement. Tout comme le pragmatisme n’est pas un frein à l’idéal.

Etre réaliste, c’est d’abord développer des stratégies gagnantes à court terme sans perdre de vue des cibles, des aspirations, des envies…

Internet et les médias sociaux transforment en profondeur l’ensemble de l’économie et offrent actuellement des opportunités d’emplois à ne pas négliger, chez des pure players comme dans des entreprises de secteurs traditionnels.

Le choix de ces nouveaux métiers ne doit pas se faire en regardant seulement les opportunités d’emploi ou les paillettes ludiques et sympathiques des technologies innovantes ou des interactions sociales.

S’orienter professionnellement n’est pas un choix facile à faire, à n’importe quel stade de sa vie professionnelle.

La connaissance de soi et le recueil d’informations et d’expériences sont les 2 bons réflexes à avoir pour bien s’orienter ou se reconvertir. Et un choix d’orientation argumenté permet aussi de mieux rebondir et de mieux argumenter le rebond.

Combien de jeunes professionnels du digital aspirent aujourd’hui à une reconversion dans un travail moins virtuel, moins capitalistique, davantage porteur de valeur concrète pour leurs clients ? Ils sont nombreux, selon mes observations, après 4 à 5 ans de pratique du digital.

Est-ce un signal pour la suite ? Le bonheur au travail suffira-t-il à faire oublier le contenu du travail ?