A l’heure où l’innovation technologique est identifiée comme un des principaux leviers de la croissance économique, d’une politique de réindustrialisation et de la création d’emplois,

id-carrieres donne le clavier à Pascal Ferrand, directeur de recherche au CNRS et créateur de la société Fluorem pour un partage d’expérience qui, nous l’espérons, suscitera une réflexion et des initiatives de la part des ingénieurs, doctorants, chercheurs, politiques, investisseurs …

 

 

Démarche de création d'entreprise

Pascal Ferrand et Stephane Aubert

Pascal Ferrand est directeur de recherche au CNRS affecté au Laboratoire de Mécanique des Fluides et d’Acoustique (LMFA) de l’Ecole Centrale de Lyon (ECL) et créateur de la société Fluorem avec Stéphane Aubert. 1ère Start-up européenne aux Eurowards grâce à Turb’Opty

 

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Nous avions des objectifs de recherche

Au départ, nous étions deux chercheurs, Stéphane Aubert et moi-même au sein d’une équipe d’environ quarante personnes que j’animais. La finalité des recherches du laboratoire est d’étudier et comprendre la physique des écoulements, de la turbulence, des interactions avec les structures en vibration avec une vision fondamentale et applicative.

Les applications concernent les turbomachines (compresseurs, turbines, ventilateurs, éoliennes, pompes …) mais aussi l’aérodynamique des voilures d’avion, des voitures, …

Pour atteindre nos objectifs de recherche, nous avions besoin d’outils expérimentaux (techniques de mesure) et numériques (logiciels de simulations) qui permettent de reproduire avec précision les phénomènes physiques. Dans les années 90, ces logiciels n’existaient pas. Nous avons donc du les développer, non en tant que finalité mais en tant que moyen d’analyse.

C’est ainsi que, sur une idée mathématique très simple, nous avons mis au point un logiciel de « paramétrisation » : il balaye automatiquement toutes les solutions aérodynamiques associées à des paramètres de forme (profil d’une voiture, longueur, …). Cela permet très rapidement de faire de la conception, de l’optimisation, etc. dans le domaine de la mécanique des fluides.

Pour qu’une idée originale devienne un produit opérationnel, il faut des moyens humains qui dépassent les capacités d’un laboratoire public (pour notre équipe : un recrutement de chercheur permanent tous les 10 ans !). Faute de structures d’appui, bien que loin de nous l’esprit d’entrepreneur, nous avons décidé de créer notre propre entreprise pour assurer la mise sur le marché de notre idée.

Cette décision s’appuyait sur des séjours d’un an aux Etats Unis et en Angleterre où nous avions observé un éventail d’entreprises innovantes issues des universités. Nous avions pu aussi constaté la réelle avance de nos travaux. Et nous ne voulions pas nous faire déposséder par un partenariat privé (ce qu’avait vécu d’autres collègues). Ainsi, dès l’application de la loi sur l’innovation de 1999, nous avons été lauréat du premier concours de sociétés innovantes et nous avons créé Fluorem.

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La société Fluorem

Fluorem est un éditeur de logiciel technique. La société commercialise le logiciel Turb’Opty qui permet de faire de la conception et de l’optimisation aérodynamique. Ce logiciel intéresse des industriels de l’aéronautique comme Airbus, le groupe Safran, Eurocopter ou des industriels de l’automobile comme Valeo, Renault, PSA. Airbus pense ainsi pouvoir réduire de 30% le temps de conception aérodynamique de ses avions.

Fluorem emploie 10 personnes dont 9 ingénieurs ou docteurs. Le chiffre d’affaires est d’environ 1 millions d’euros. En 2009, Fluorem a signé un partenariat technique et commercial avec la société japonaise Cradle, leader au Japon et inconnu en Europe. Cet accord  est stratégique pour les deux sociétés. L’année 2010 devrait être une petite révolution pour Fluorem avec l’embauche de deux commerciaux qui devraient permettre de doubler le chiffre d’affaires grâce à la distribution des produits Cradle dans plusieurs pays d’Europe. Tout le développement à l’international est réalisé avec un appui très fort d’ ERAI.