Différentes motivations et circonstances peuvent conduire un salarié à rester 15 à 20 ans ou plus dans la même entreprise. En dépit des tendances du marché de l’emploi ou des aspirations nouvelles exprimées par les salariés, les parcours professionnels comportant une longue expérience dans la même entreprise, voire une première longue expérience, restent fréquents.

Comment trouver un emploi après avoir travaillé longtemps pour la même entreprise ?

Est-ce un atout ou un handicap lorsqu’on souhaite évoluer ailleurs ou lorsqu’il faut rebondir ailleurs ?

Comment valoriser cette étape professionnelle dans un CV et en entretien de recrutement ?

Des parcours professionnels encore fréquents

Les opportunités de mobilité interne au sein d’un grand groupe, l’expérience variée et « attachante » au sein d’une PME, les difficultés du marché du travail qui poussent les salariés au statu quo et à la prudence, le besoin de sécurité qui s’exprime envers le travail, les situations personnelles qui temporisent les mobilités professionnelles… Tous ces éléments peuvent encore aujourd’hui conduire à rester longtemps dans la même entreprise.

Des parcours professionnels qui sont encore fréquents en parallèle des nouveaux modèles de carrières qui apparaissent.

De nouveaux modèles de carrières où le changement d’entreprise tous les 2 à 5 ans est vu comme le moyen de sécuriser son employabilité par des expériences variées ou de faire évoluer sa rémunération.

De nouvelles modèles de parcours professionnel qui émergent moins par choix que par nécessité de s’adapter aux nouvelles conditions d’emploi (licenciement économique, contrat précaire, temps partiel non choisi, intégration difficile pour les jeunes, mise à l’écart des plus expérimentés …). Travailler : un sport de haut niveau ? 

Comment les entreprises et les recruteurs apprécient-ils cette fidélité à une même entreprise, fidélité choisie ou raisonnée ? Est-elle ou non valorisée par les recruteurs lors d’une recherche d’emploi ?

L’emploi stable : Et si c’était au candidat de le valoriser ?

Les recruteurs ont des croyances issues de leurs expériences, comme nous tous.

Certains verront dans ces années passées dans la même entreprise votre capacité à conduire des actions au long cours, des valeurs de fidélité et d’engagement auprès de votre employeur, votre résilience aussi….

D’autres recruteurs l’interprèteront comme de la passivité, un manque d’ambition, de curiosité, de confiance, d’adaptation… voire de performance selon les circonstances de la fin du contrat…

C’est donc à chaque candidat d’adopter une stratégie de valorisation de cette longue expérience à l’occasion d’une recherche d’emploi et tout au long du processus de recrutement.

Comme nous le répétons souvent, quelles que soient les circonstances, pour construire un projet professionnel, pour exprimer au mieux ses savoir-faire dans un CV ou lors d’un entretien, il est indispensable de rechercher dans les contextes des activités et des entreprises, dans les enjeux traités, les activités conduites, les collaborations développées, les compétences techniques et les compétences comportementales mises en oeuvre, les éléments qui expriment le mieux son identité professionnelle. 

C’est au candidat de donner aux recruteurs et à son réseau les clés de lecture de son parcours professionnel et de sa proposition de valeur à un nouvel employeur.

Il en est de même si vous avez travaillé longtemps pour la même entreprise. Vos missions, les contextes, les enjeux ont changé. Ils vous ont conduit à acquérir de nouvelles compétences, à élaborer de nouvelles solutions, à collaborer avec des personnes diverses, à vous adapter, à initier ou accompagner les changements… De nombreuses aptitudes sont à faire valoir dans le fait d’avoir connu différentes stratégies, survécu aux crises, accompagné des développements, collaboré avec des équipes et des managers différents, etc., etc.

Une expérience professionnelle à « désaculturer »

Lorsque les candidats ont travaillé longtemps dans la même entreprise, voire quand ils n’ont connu qu’une seule entreprise, l’attention des recruteurs porte sur la culture du candidat, en lien directe avec la culture de l’entreprise.

Le vocabulaire des candidats, à l’écrit comme à l’oral, en est souvent le révélateur. Nous conseillons de porter une attention particulière à « désaculturer », à « décontaminer », à rendre universelles les expériences, les compétences, les réalisations. Attention aux mots et expressions utilisés, aux sigles et aux acronymes propres à une entreprise dont les CV et les entretiens de recrutement sont souvent truffés 🙂

L’autre point de vigilance pour les candidats porte sur la propension à généraliser les points de vue, les pratiques, les analyses… à partir d’une expérience unique. Nous conseillons de bien contextualiser le récit et les arguments, d’apporter toutes les nuances qui montrent que le candidat a bien compris qu’il peut en être autrement, ailleurs…

Nos environnements de travail actuels sont en mutation sous les effets des innovations technologiques, des évolutions économiques, sociales et sociétales. Dans ce contexte, beaucoup de voix, et de théories aussi, s’élèvent pour louer la rapidité, le changement permanent… Or la stabilité d’emploi ne signifie pas nécessairement le conservatisme, le statu quo, l’immobilisme comme la rapidité ne rime pas nécessairement avec l’efficacité.

En revanche, la curiosité, l’ouverture et les apprentissages permanents doivent rester au coeur de nos activités professionnelles pour nous permettre d’évoluer et de rebondir. Reconversion professionnelle ou reconversion du travail ?

 

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