Nous inaugurons cette semaine une série de billets « Une idée pour Pôle Emploi » sur la base des résultats de l’enquête rendue publique le 25 octobre et réalisée auprès des « usagers » de Pôle Emploi.

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La mobilité professionnelle géographique des demandeurs d'emploi

Le premier sujet retenu porte sur la mobilité géographique professionnelle des demandeurs d’emploi.

L’enquête Pôle Emploi révèle en effet que 39% des demandeurs d’emploi se reconnaissent dans la difficulté suivante : « J’aurai des opportunités d’emploi loin de mon domicile mais les frais liés à un entretien ou le coût d’un déménagement sont trop importants ».

.39%, c’est énorme ! Près de 4 demandeurs d’emploi sur 10.

Si on extrapole ce pourcentage sur le nombre approximatif de personnes en recherche d’emploi, cela signifierait qu’environ 2 millions de demandeurs seraient concernés ! 2 millions de personnes qui potentiellement pourraient conduire une recherche d’emploi élargie avec plus de chance d’aboutir ! Et ce moyennant une mobilité « navette » ou une mobilité « résidentielle » (déménagement).

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Il est généralement convenu que la mobilité géographique professionnelle dépend de plusieurs facteurs et notamment :

  • de la qualité de l’emploi proposé (contrat pérenne, rémunération, …),
  • des infrastructures de transport et de leurs coûts,
  • de la capacité financière des personnes,
  • des prix de l’immobilier (plus élevé dans les bassins d’emploi dynamique),
  • des coûts des transactions immobilières (droits d’enregistrement, frais de notaire, frais d’agence, frais d’emprunt),
  • de l’emploi du conjoint,
  • de la présence d’enfants scolarisés,
  • de l’attachement au lieu de résidence et au réseau familial ou relationnel,
  • de l’appréhension du changement d’environnement, etc.

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Si 39% des demandeurs d’emploi évoquent des raisons financières, c’est qu’ils auraient à priori levé les barrières personnelles à la mobilité géographique, par choix ou par contrainte. Prêts à une mobilité quotidienne ou définitive pour retrouver un emploi.

Mais le coût d’accès à la mobilité automobile et/ou résidentielle est élevé et les demandeurs d’emploi (à faible revenu) sont écartés de fait du marché du travail. La problématique du coût du logement est souvent écarté des débats sur le retour à l’emploi, car c’est une variable sur laquelle les acteurs de l’insertion considèrent qu’ils n’ont aucune prise.

Il existe en France de nombreux dispositifs d’aide à la mobilité géographique professionnelle, voir notre article Droit de l’Emploi sur les aides au Logement et à la Mobilité, De plus, Pôle Emploi dispose d’un dispositif propre d’aides à la mobilitéet d’ aides à la recherche d’emploi.

Nous observons que les aides à la mobilité de Pôle Emploi sont réservées aux demandeurs ayant déjà trouvé un emploi ! Et que le remboursement des frais de déplacements est loin d’être une démarche systématique et simple à exécuter ! Bons SNCF aux horaires contraignants par exemple ou refus de prise en charge pour des raisons budgétaires… .

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La mobilité professionnelle géographique des demandeurs d'emploiPour faciliter la mobilité géographique professionnelle des demandeurs d’emploi

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  • Aider les demandeurs d’emploi à projeter un budget logement/déménagement en s’appuyant sur les services publics du logement et des spécialistes de la relocalisation de personnel (comme notre partenaire Via Humanis)
  • Elargir aux demandeurs d’emploi les aides à la mobilité destinées aux salariés en poste comme le Mobili-Pass. L’Etat a bien utilisé une part des fonds de la formation professionnelle pour la formation des demandeurs d’emploi (FPPSS). Pourquoi n’en ferait-il pas autant avec le Fond National d’Aide au Logement ? Les entreprises ne verraient pas d’un mauvais œil l’utilisation d’une partie de l’ancien 1% logement pour faciliter la mobilité de futurs salariés comme c’est déjà le cas pour faciliter la formation.
  • Mieux prendre en charge les dépenses de déplacement liés à la recherche d’emploi pour ne pas décourager les candidatures sur d’autres bassins d’emploi. Pour maîtriser le budget global, il faudra nécessairement aider le demandeur d’emploi à transformer une candidature en embauche (c’est tout l’enjeu de la personnalisation du suivi : l’efficacité de la recherche…  autre sujet). S’il faudra au départ amorcer la pompe, il y a lieu de penser que le budget global de déplacements sera bien vite financé par l’arrêt des versements de l’allocation chômage aux personnes ayant retrouvé un emploi dans une autre ville ou région et par leurs cotisations sociales d’actifs.

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D’autres idées sur ce sujet ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire.